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Startup Weekend SilverEco : quand Paris s'implique pour les seniors
8 Jun 2017
Proposer des solutions concrètes aux obstacles rencontrés au quotidien par les seniors, c'est la mission que s'est donnée une cinquantaine de volontaires du 2 au 4 juin dernier. Hébergé par le School Lab, dans le 2ème arrondissement, le Startup Weekend Silver Eco - Intergénération a réuni entrepreneurs, développeurs, étudiants, seniors mais aussi coachs et mentors dans un cadre dynamique, toujours bienveillant, afin d'imaginer les solutions de demain, adaptées aux problématiques des plus âgées.
Organisé par Mélissa Petit, docteure en sociologie et fondatrice du bureau d'étude Mixing Générations, ce week-end consacré aux plus vieux d'entre-nous a une fois de plus permis à toutes les tranches d'âge de rêver et d'aspirer à un avenir meilleur. Et ce, grâce à l'entrepreneuriat.
Entre les tables où s'accumulent les post-it fluos, les pauses déjeuners assurées par la team de Meet My Mama, les passages-éclairs de Damien Gromier ou les séances de pitchs blancs, nous avons croisé la route de participants, bénévoles et autres mentors. Ils nous ont raconté leur expérience sur ce Startup Weekend et, comme toujours, nous avions envie de partager ces rencontres avec vous.
Mélissa, 32 ans, organisatrice
Mélissa, on l'avait croisé sur le Startup Weekend Refugees en tant qu'organisatrice. Cette fois, c'est elle qui a leadé l'événement puisque la silver économie, c'est sa spécialité. Mélissa a eu envie de faire un focus sur cette thématique parce que selon elle, "nous vivons aujourd’hui dans une société de la longévité. Les plus de 60 ans sont des influenceurs et impulsent des modes de vie, de ce fait il est nécessaire de les prendre en compte quand on initie des start-ups à destination de la silver économie. J’ai eu envie d’organiser ce Startup Weekend aussi pour ne pas oublier de se positionner dans une démarche qui met l’utilisateur au centre de la création des start-up. Je souhaitais également faire ressortir le fait que tous les âges peuvent avoir des idées de start-up et que l’on peut échanger et agir ensemble."
Mission réussie pour l'organisatrice puisque que jeunes entrepreneurs et participants plus âgés ont travaillé ensemble durant 54 heures intensives.
"Au cours de ce weekend, j’ai ressenti de l’énergie et beaucoup de partage. Nous avons réussi à faire travailler ensemble des âges différents dans un but commun", complète Mélissa. "Et puis, dans un monde individualiste et cloisonné, nous avons montré que nous pouvions encore co-construire et rêver dans une mise en place pratique et pragmatique de start-ups. Au final, je pense que chaque participant a vécu une expérience humaine et a pris conscience de la valeur de chaque âge, de 20 à 61 ans."
Fariz, 24 ans, bénévole
Fariz dit qu'il n'a pas beaucoup dormi. La veille, il a parlé jusqu'à 5 heures du matin avec un pote. Ils sont partis loin, assure-t-il en souriant. Pourtant, Fariz est là, bien présent en tant que bénévole lors de ce Startup Weekend. Assis sur le canapé du coin cuisine (le QG de la team organisation), il nous raconte qu'il est venu pour une mission bien particulière : celle de délivrer un cours de méditation aux participants. Deux fois 30 minutes, pour deux groupes différents.
"Pour avoir participé à un Startup Weekend, je me suis rendu compte que le samedi, vers 17h, les gens ont une sorte de blocage. On n'arrive plus à réfléchir et on plonge dans une sorte de cercle vicieux : on veut réussir à avoir des idées, alors on essaie de se déconnecter quelques minutes. Mais une pause clope ou un café n’apportent pas vraiment cela. L'objet de mon intervention, c'est de faire totalement sortir les participants du Startup Weekend en ayant cet esprit de créativité, de libération à travers la méditation."
Rassurez-vous, Fariz ne s'est pas improvisé prof en un week-end. Il y a 8 ans déjà qu'il a débuté les arts martiaux et, en même temps, commencé sa pratique de la méditation, raconte-t-il. "Je me suis rendu compte qu’après tout le processus de technique, le renforcement musculaire et la méditation, je me sentais bien. Alors je me suis dit, pourquoi arrêter ?"
Depuis, si Fariz ne pratique plus le penchak silat (le nom de son art martial) en club, il poursuit ses séances de méditation. Jusqu'à donner des cours à ses amis d'abord, puis à d'autres, comme des étudiants à l'université ou des participants à un Startup Weekend. "J'avais envie de transmettre et de partager tout ce que j'ai pu acquérir comme connaissances sur la méditation et le bien-être". Donner, recevoir, des valeurs chères au mouvement Startup Weekend.
Retrouver Fariz sur son groupe Facebook dédié à la méditation.
Augustin, 19 ans, porteur du projet "Store Ease", arrivé à la #2 place du SW
Son projet n'a pas encore été primé par le jury du Startup Weekend lorsque nous échangeons avec lui. Il vient de finir de pitcher, les délibérations ont lieu et on ne pouvait pas ne pas vous présenter ce jeune étudiant de 19 ans. Son idée ? Une plateforme numérique de partage d'histoires et de souvenirs de nos grands parents, le tout en vidéo. Forcément, ça nous parle.
Augustin est de nationalité française, vit en Belgique depuis longtemps mais étudie dans une école en Angleterre. Il est venu à Paris pour le Startup Weekend, sur les conseils d'une amie, elle-aussi participante. "On avait envie de s'impliquer dans la silver économie", dit-il. C'est avec son ébauche de startup dans la poche qu'Augustin s'est présenté vendredi 3 juin devant les participants. Il est plutôt étonné d'être arrivé jusque là, d'autant plus qu'il s'agit de son premier événement dans le genre. "Il y a deux semaines, je ne connaissais même pas le concept", s'amuse-t-il.
Alors en à peine trois jours, Augustin raconte avoir beaucoup appris "sur tout le processus de création d'une startup", notamment grâce à son équipe. "Ils étaient tous plus compétents que moi", souligne-t-il dans un sourire avant de détailler le profil de ses compagnons d'un week-end parmi lesquels un designer et un directeur d'entreprise. "Ici il y a plein de gens aux métiers différents mais qui finalement, se ressemblent aussi beaucoup, cela m'a surpris", conclut le jeune (futur ?) entrepreneur.
Florence, 54 ans et Charles, 26 ans, porteurs du projet "En Faim"
Un groupe de participants qui souhaitent créer du lien social entre seniors et étudiants ou jeunes travailleurs en quête de bonne bouffe pas chère ? Là aussi, ça résonne avec les valeurs que l'on a envie de transmettre avec Happy Project.
C'est pour cela que, même si En Faim n'a pas été honoré par le jury, nous vous présentons les deux porteurs du projet, Florence et Charles. Il suffit d'écouter leur pitch pour comprendre en quelques secondes leur histoire.
Charles n'a pas trop d'argent et souhaite manger comme à la maison tandis que Florence (qu'il ne connaît évidemment pas - encore) se sent un peu seule et aimerait bien avoir de la compagnie. Grâce à un système vieux comme le monde (ou presque) (aka une petite annonce dans une boulangerie - véridique), Charles et Florence entrent en contact.
Le reste, vous l'imaginez : le duo s'imagine permettre à tous les jeunes en mal de nourriture de mamans et lassés des pauses déjeuners sur le pouce à 16 euros d'entrer en contact avec un senior adepte de la food. Leur outil : une plateforme numérique.
Le week-end terminé, Florence et Charles ne vont pas s'arrêter en si bon chemin et nous expliquent que leur site, ils vont le développer pour aller au bout de l'expérience. Avec l'espoir d'en vivre même, qui sait. De ces trois derniers jours, Charles retient "beaucoup de bienveillance entre les participants", tandis que Florence souligne l'ambiance à la fois "très cool et pro".
"Ce que je trouve fascinant, c'est que l'on ne se connaissait pas il y a deux jours et aujourd'hui, on est tous devenus copains", s'amuse la senior de la bande à propos des autres participants avant d'ajouter que "cette bonne énergie est presque addictive". Les Startups Weekends, des événements à consommer sans modération.
Marie Madeleine, 61 ans, participante
"Marie Madeleine, elle a été notre soleil et la star de notre équipe ces derniers jours !". A peine le temps de nous installer que Youssef résume la personnalité de l'une des seniors du Startup Weekend. Souriante, le dialogue facile, Marie Madeleine semble aux anges lorsque nous lui demandons quelques minutes pour cet entretien.
Elle est venue par l'intermédiaire de sa fille, Pauline, membre de l'Ecole de pitch, une habituée des Startup Weekend. C'est elle qui lui parle du thème, de la silver économie et Marie Madeleine qui lui demande si elle peut participer. A un an de la retraite, le "rayon de soleil" de l'équipe Entre potes (une startup qui facilite l'habitat partagé entre seniors) se pose des questions sur son avenir. L'idée de l'habitat partagé lui a déjà trotté dans la tête, c'est donc tout naturellement que Marie Madeleine s'est dirigée vers ce projet.
Pendant ces trois jours de travail, la senior affirme ne pas avoir senti le décalage d'âge avec ses camarades apprentis entrepreneurs. "J'ai appris une autre forme de réflexion, sur l'anticipation notamment". Penser le virtuel comme pouvant devenir le réel, la clé de tous les entrepreneurs sociaux, n'est-ce pas ?
Adam, 26 ans, mentor
Le mec derrière le Facebook Live c'était lui. Celui qui pousse à bout les participants, encore lui. Adam est coach et, s'il est venu durant ce week-end, c'est parce que parmi sa clientèle, il y a des personnes "qui traversent un cap super difficile : le passage à la retraite", explique-t-il avant d'ajouter que l'on appelle cela la "retransmission". Ce moment où, vers 65 ans, on veut redonner, aider, parce qu'on a le temps, l'argent, les compétences pour le faire... mais qu'un lien s'est brisé avec la société.
"Je voulais absolument mettre cela en avant et montrer que les seniors ont une place prépondérante dans les structures que les jeunes entrepreneurs peuvent créer."
Après être passé d'équipe en équipe, Adam a un message à faire passer aux participants et à tout ceux qui souhaitent se lancer dans l'entrepreneuriat : "Il faut être toujours à l'écoute des experts qui viennent vous voir, des mentors qui prennent du temps pour vous et être assez intelligents pour pouvoir pivoter. Parce que c'est vraiment cela qui constitue l'ADN d'un Startup Weekend".