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La librairie Henri IV, un accueil royal
26 Sep 2016
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Une libraire de quartier comme on en voudrait tous une près de chez soi.
Happy Souvenirs
Cette librairie est réputée pour avoir cent ans. Elle serait aussi ancienne que l'immeuble qui l'accueille. Avant l'arrivée de David Cazals en 2010, elle était plus étroite, les clients ne touchaient pas aux livres mais les demandaient au libraire qui les présentait sur le bureau.
Tout cela, heureusement, a changé de même que cette librairie de quartier a évolué. L'espace est ouvert, chacun peut circuler entre les tables et les bibliothèques. Des signalétiques permettent de se repérer entre les genres littéraires, laissant la liberté de piocher l'ouvrage qui occupera ses prochaines soirées ou de demander conseil.
L'histoire de Paris ainsi que l'architecture sont presque des spécialités à la librairie Henri IV, nichée en plein cœur historique de la capitale. Toute une part de la vitrine est consacrée à ces questions, à côté de cartes postales et d'une caisse de livres d'occasion.
Happy Touch
Selon la direction que l'on prend, l'île Saint Louis ou la place de la Bastille sont à quelques pas. Tout autour de la librairie Henri IV, il y a surtout de nombreuses écoles. Il n'est pas rare que des élèves viennent acheter le livre que leur enseignant leur a demandé de lire, sans même en avoir les références. Heureusement, tout est déjà préparé par David avant leur arrivée. Mais ces jeunes lecteurs ne se contentent pas des titres imposés : s'il y a une certaine déperdition à l'adolescence, « de 10 à 14 ans, certains sont des lecteurs compulsifs ; ils viennent tous les deux jours acheter un nouveau livre ! » L'attachement de ces jeunes lecteurs pour la librairie peut durer : certains clients de 80 ans venaient déjà ici en tant qu'élèves.
De nombreuses animations sont également offertes. Dans le cas scolaire, des auteurs et illustrateurs sont invités en classe avant de dédicacer leur livre en librairie. David Cazals préfère proposer des rencontres, plus que des signatures : les auteurs sont habités par un sujet, la conversation avec les lecteurs est plus enrichissante qu'une simple dédicace. Des spectacles sont même organisés de temps en temps, pour les artistes qui ne trouvent pas de salle. Ce peut être une lecture, ce peut être une pièce de théâtre. Ça a été jusqu'à un dîner-spectacle autour de Gargantua, de Rabelais.
Ce qui plaît le plus à cet homme qui a été journaliste presse et TV, qui a travaillé pour le Ministère de l'Environnement et la SNCF, est d'être au cœur de l'actualité au milieu du maelstrom permanent des nouveautés. La littérature est une caisse de résonance du monde contemporain. Ce à quoi il tient pareillement est la relation directe aux gens ; relation d'autant plus précieuse que les commerces indépendants disparaissent.
Un jour par hasard, alors qu'il effectuait une mission dans le cadre d'un de ses nombreux emplois, il a été chez un éditeur. Il s'est tout de suite senti dans son élément. Ce n'est pas l'édition qu'il a choisie, mais vers la librairie qu'il s'est tourné. Vers cette librairie qui n'est pas qu'un commerce, mais un vecteur de lien social. Ici on entre, on sort, on discute, on demande un renseignement. On achète, ou on n'achète pas. On sait ce que l'on vient chercher ou on se laisse guider. On parcourt les notules ou on demande conseil.
La vocation de la librairie Henri IV est tout à la fois de répondre à la demande et de proposer. Certaines demandes sont parfois singulières ; ainsi de touristes non francophones, attirés par le charme de cette boutique unique, qui se contentent d'un selfie avec une édition des Misérables de Victor Hugo.
Le coup de cœur du Happy Crew
Le « plus » de cette librairie que je fréquente tant pour le plaisir que pour les études va aux conseils qu'on y trouve. De nombreuses librairies indépendantes rédigent des notules, pour faire face à la profusion française de livres. Les libraires à ce point érudits sont plus rares. Ici, pourtant, je leur dois, et en particulier à Sébastien Leclercq qui travaille ici depuis 2001, à l'enthousiasme toujours jovial et aux conseils avisés, plusieurs titres de la bibliographie de mon mémoire. Et quoique je n'étais pas venu pour cela, j'ai craqué et ai acheté un livre entre deux questions posées à David Cazals. J'en suis sorti avec, accompagné d'un autre conseil de lecture.
Happy Bonus : recommandations & citation
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Le coup de cœur du moment de David Cazals est 750 ans à Paris, un album documentaire de Vincent Mahé (Actes Sud Junior). En 72 pages illustrées, sans texte, le lecteur parcourt l'évolution de l'architecture parisienne. Et outre l'histoire et l'architecture, une large place est également faite à la jeunesse.
Pour l'automne, David Cazals recommande L'Improbabilité de l'amour, d'Hannah Rotschild (Belfond). Ce roman qui traite du milieu de l'art à Londres lui a été agréable, mais il a également été surpris par sa profondeur. À vous d'en juger.
La citation du libraire : « Quand les paroles sont rares, elles ne sont pas proférées en vain. » Jean de Gand dans Richard II, Shakespeare Librairie
15 boulevard Henri IV
4ème
arrondissement
Ouvert du lundi au samedi
01 42 72 34 22
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