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Startup Weekend Refugees : 54 heures d'émulation collective pour aider les réfugiés
17 Mar 2017
54 heures pour trouver une solution aux difficultés rencontrées par les réfugiés. Cette mission, c'est celle que l'on a donnée à une soixantaine de volontaires, du vendredi 10 au dimanche 12 mars. Enfermés (mais selon leur bonne volonté) au Liberté Living Lab, dans le 2ème arrondissement, ces étudiants, aspirants entrepreneurs ou encore développeurs, ont travaillé comme des fous pour pondre leurs solutions. Parmi eux, des réfugiés, venus du Soudan à la Syrie. Un savant mélange de cultures et de compétences pour un week-end riche en émotion, animé par Damien Gromier.
Happy Project était partenaire-média durant l'événement. L'occasion pour nous de suivre de l'intérieur - de jour comme de nuit - le processus de création d'une startup dans un temps limité. La promesse aussi de rencontres fortes et inspirantes, que l'on avait, comme toujours, envie de partager avec vous.
Elmardi, 32 ans, participant réfugié soudanais
Elmardi, il est en train de prendre sa pause-clope quand on lui demande s'il peut répondre à deux ou trois questions pour Happy Project. Il dit qu'il ne parle pas très bien le français, mais de notre côté, on est plutôt impressionné. Elmardi parle plusieurs langues, celles des pays où il s'est rendu après avoir quitté le Soudan, son pays natal. Cela fait un peu plus d'un an qu'il est ici à Paris. Il est développeur. Il a même un diplôme mais, comme il nous le confie d'emblée, même en ayant toutes les qualifications pour, il ne trouve pas de travail.
"Je parle 4 langues : soudanais, français, russe et arabe. L'ukrainien aussi, mais cela ne compte pas. C'est trop proche du russe. Je suis développeur mais je n'arrive pas à trouver de travail, ici en France. Les portes se ferment lorsque je dis que je suis réfugié. C'est probablement à cause de mon français, je peux faire des erreurs", dit-il.
Lorsqu'on lui demande ce qu'il retient de ce week-end, sur le point de s'achever, il a le sourire aux lèvres : "Aujourd'hui, je suis très heureux parce que, même si j'ai passé deux nuits ici, que je n'ai pas beaucoup dormi, j'ai renforcé mon expérience. Avec mon équipe, on a réalisé notre projet principal, mais on a aussi rencontré beaucoup de personnes, appris à travailler à plusieurs pour réaliser des objectifs précis, comment prendre contact avec d'autres personnes qui pourraient nous aider ou encore comment se présenter professionnellement. J'espère que ça m'aidera à être considéré comme être-humain, qui que je sois, d'où que je vienne."
Camille, 37 ans, participante venue présenter son projet, i.jobs
Camille, on la suit depuis un petit moment déjà sur Happy Project. On l'a rencontrée au début de son projet, et puis on a croisé son chemin à tous les événements Ticket for Change pour prendre de ses nouvelles. Maintenant qu'elle vole de ses propres ailes, la jeune entrepreneure était forcément de ce Startup Weekend. I.jobs, son projet pour l'emploi des réfugiés, a été sélectionné par les participants. L'occasion pour Camille de travailler sur des points importants de sa plateforme.
"L'émulsion collective, le brainstorming, il n'y a pas de secret : à plusieurs, tu avances plus vite. C'est une règle de base qui se confirme à chaque fois. Les personnes qui ont rejoint le projet pour ce week-end ont des compétences complémentaires. Ce que je trouve génial, c'est la variété des profils et d'âge que l'on a dans cette équipe !"
Salim, 50 ans, participant
Salim, c'est d'abord un sourire et une douceur. Il est arrivé en retard, le samedi matin, lorsque toutes les équipes étaient déjà constituées. Alors il s'est greffé là où on lui a conseillé : dans le groupe de Camille, justement. Les deux partenaires se connaissent depuis à peine 24 heures mais ne cessent de rigoler pendant cette séance photo. C'est Salim qui a choisi son cadre. Il voulait une fontaine - très parisienne - en décor de son portrait.
"Je suis venu en touriste ! J'avais déjà participé à un Startup Weekend Women. Je m'intéresse à tout ce qui peut faire avancer les choses. Ce thème m'a interpellé alors je me suis inscrit à la dernière minute et je suis arrivé samedi matin. On m'a proposé de travailler sur l'intelligence collective : ça m'a parlé", nous dit-il de sa voix calme, à la limite du murmure.
Quand on lui demande ce qu'il retient de cette expérience, Salim nous confie : "Je trouve cela extrêmement enrichissant, à la fois sur le plan intellectuel et sur le plan humain. Cela permet de lever le voile, d'accepter de voir qu'il y a des questions à se poser" et, nous rajouterons, des réponses à apporter.
Rob, 28 ans, participant
Il faut tendre l'oreille pour entendre son accent. Rob n'est pas français. C'est un expatrié, comme on dit. Il vient de Seattle, aux Etats-Unis et, s'il parle si bien notre langue, c'est parce qu'il l'a beaucoup étudiée. On est impressionné, en particulier lorsqu'il nous dit qu'il est arrivé, ici à Paris, il y a seulement un an.
"Cela fait un petit moment que j'essaie de trouver ce que je peux faire pour aider les réfugiés. J'ai des amis qui en accueillent chez eux. Alors de mon côté, je suis venu chercher des idées ici, à ce Startup Weekend. J'ai rencontré pas mal de monde et je me suis rendu compte que les idées que j'avais dans ma tête étaient suffisantes. D'autres les ont également. Maintenant, il suffit juste de se lancer !"
Rob est développeur et s'est greffé au projet FConnection dont le but est d'aider les réfugiés dans leurs démarches administratives. "J'ai galéré pour venir ici, alors que je suis un homme, blanc, expatrié et de nationalité américaine. Je n'imagine même pas comme c'est pour les autres !"
Maya, 28 ans, participante réfugiée syrienne
Maya, si un jour vous avez la chance de la croiser, c'est un rayon de soleil. Elle a un sourire qui vous réchauffe le coeur. Pendant le week-end, elle a joué du piano et ça nous a fait tous un bien fou d'entendre ces notes s'échapper de ses doigts. Elle est arrivée en France il y a un peu plus d'un an et son français est parfait. C'est parce qu'elle a longtemps étudié notre langue au lycée, nous a-t-elle confié. Si elle est venue au Startup Weekend, c'est parce qu'elle avait envie de participer à un projet en lien avec ses études : le web-design.
"J'ai trouvé de belles âmes ici. J'aime beaucoup l'esprit d'équipe, cela m'a fait voyager dans Paris et changer d'avis sur la ville. C'est bientôt fini, et c'est dommage", souffle-t-elle dans un murmure.
Louis, 22 ans, bénévole
Dans un Startup Weekend, vous avez les participants bien sûr, des coachs et des mentors, mais aussi des bénévoles. Ces derniers s'occupent de l'organisation de l'événement : de la recherche de partenariats aux commandes du ravitaillement des troupes, en passant par la communication et la logistique durant le week-end.
Louis a 22 ans et n'en est pas à son premier Startup Weekend. Il a connu le concept aux Etats-Unis en tant que participant et revient en France côté organisation.
"Je suis là pour faire des rencontres. J'ai toujours été un passionné de startups, qui sont toujours fondées par des profils différents. C'est ici que c'est le mieux représenté : dans un temps limité. Pour ce Startup Weekend en particulier, je dirai que c'est le thème le plus intéressant que j'ai vu jusqu'alors. Et avec le plus d'implication."
Loubna, 25 ans, bénévole et prestataire
Si vous êtes un lecteur fidèle de Happy Project, le visage de Loubna vous dit peut-être quelque chose : elle est l'une des associées de Youssef Oudahman, l'entrepreneur qui révèle les talents culinaires des femmes réfugiées ou issues de l'immigration.
Comme le monde des startups sociales est tout petit, on ne s'est pas étonné de tomber sur Loubna aux réunions des organisateurs/bénévoles de ce Startup Weekend dédié aux réfugiés. Loubna y était pour apprendre à organiser un événement de ce type. Parce que son projet à elle, c'est d'en créer un en banlieue. Histoire de sortir un peu de Paris.
Ensuite, durant le week-end, Loubna était surtout présente pour sa startup Meet My Mama. "A l'heure des déjeuners, nous avons proposé aux participants des bons petits plats cuisinés par des Mama's. L'une d'entre elle est d'ailleurs réfugiés originaire de Syrie", nous explique la jeune femme. "Un symbole fort" qui ne doit rien au hasard pour Loubna : "Nous souhaitions montrer aux participants que c'est possible, suite à un Startup Weekend, de créer son entreprise pour aider les réfugiés".
"C'était un week-end riche en émotion, avec beaucoup de beaux projets", poursuit Loubna. "Je retiens une phrase d'un porteur de projet réfugié : 'Je n'ai pas goûté aux plats syriens depuis que j'ai quitté le pays. Cela me fait tellement plaisir'." Et on confirme, on a très très bien mangé :)
Joséphine, 28 ans, CEO Techfugees
Joséphine Goube est, avec Damien Gromier, à l'origine de ce Startup Weekend Refugees. CEO de Techfugees, entreprise sociale mobilisant sa communauté Tech à travers le monde pour répondre aux besoins des réfugiés, cette pile électrique ne s'arrête jamais.
Sa mission pendant l'événement : "s'assurer que les équipes connectent avec des mentors et des experts pertinents - que les équipes sachent où trouver des resources pour l'après Startup Weekend et m'assurer que les gagnants soient suivis sur le long terme pour réaliser leur ambition."
Présente pendant toute la durée de l'événement, Joséphine explique qu'il a encore "beaucoup de travail à faire sur l'information aux citoyens des réalités des challenges des réfugiés et que beaucoup de leurs problèmes peuvent être résolus très facilement, par un simple mixage entre réfugiés et le monde des entrepreneurs sociaux et tech", affirme-t-elle avant d'ajouter, sur une belle note d'espoir : "parce que ce sont des gens qui, ensemble, voient plus loin et plus grand".
Les coulisses du Startup Weekend Refugees en photos